Vous aimez Bruxelles, vous adorerez Ostende


Ne vous laissez pas refroidir par la Mer du Nord, la côte belge offre une digue digne des plus grandes, une architecture Art déco charmante, des frites et des bars exotiques.
Promenade Albert-Ier, à Ostende, en juin.
Promenade Albert-Ier, à Ostende, en juin. Alex Cretey Systermans

Un tramway à l’ancienne, des immeubles Art déco, des gratte-ciel sans âme et des friteries à chaque coin de rue. Pour un peu, on se croirait sur un boulevard animé de Bruxelles. Mais voilà, c’est ­Ostende, et en plus, il y a la mer. « Aller à la mer », comme on dit en Belgique, que l’on soit néerlandophone ou francophone, c’est synonyme de vacances. Et c’est souvent aller à Ostende.

Stars d’un jour

Qui dit mer dit plage et digue, le lieu où il faut aller et venir, regarder, se faire voir. A Ostende, la digue est large, très large. Les établissements de restauration, grasse ou raffinée, rapide ou lente, y ont installé de spacieuses terrasses protégées du vent par de larges parois de verre. Pour peu que la température soit convenable, on croise aussi bien des baigneurs en maillot de bain que des promeneurs en ciré, des stars d’un jour en tenue de soirée ou des vacanciers en sweat-shirt.
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La diversité des objets roulants, à louer dans l’une des boutiques du front de mer, semble inépuisable, de la trottinette à la voiturette camion de pompiers pour enfant, en passant par le gyropode ou le tandem séculaire. Le plus commun demeure toutefois le cuistax, ou rosalie, un 4 × 4 à pédales que manœuvrent aussi bien des familles en promenade que des bandes d’adolescents en mal d’autos tamponneuses.
Ostende, 70 000 habitants, quinzième ville de Belgique, affiche un subtil mélange entre station de villégiature d’un autre siècle et ville portuaire, comme en témoignent les darses, grues, conteneurs et chalutiers qui entrent et sortent du port. L’« extrémité de l’Est », littéralement, est née à la pointe orientale d’une île qui émergeait autrefois au large de la côte. Comme Amsterdam, mais bien plus modestement, elle fut au XVIIIe siècle une porte ouverte sur l’Extrême-Orient et ses épices. C’est après la fondation du royaume de Belgique qu’elle devint, par la grâce de la famille royale et à l’aide du chemin de fer, une station à la mode.

Destin tourmenté

James Ensor (1860-1949), peintre ­ostendais loufoque et rebelle, a brossé les innombrables teintes de la mer du Nord en même temps que cet âge d’or. Les Bains à Ostende (1890) montre des centaines de personnages ridicules ou séditieux, saisis dans des positions grotesques, arpentant la plage, la mer et les cabines. On dirait un dessin de Cabu géant. Le tableau est exposé au Musée des beaux-arts de Gand, mais on peut en voir une copie au Musée d’art moderne d’Ostende.
Pour comprendre Ensor et son destin tourmenté, il faut visiter la demeure dont il hérita et où il vécut jusqu’à sa mort, aujourd’hui transformée en tout petit musée. Nulle œuvre originale dans cette sombre maison flamande, mais des reproductions, des croquis, et un salon bleu au mobilier bourgeois où le peintre aimait recevoir ses amis.
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En sortant, un impératif : goûter les croquettes de crevettes à La Galleria, située galerie James-Ensor, un passage couvert qui rappelle, en plus petit, les galeries royales Saint-Hubert, à Bruxelles.

Cocktail rare

Retour sur la digue, où le vent souffle de plus belle. Sur l’horizon vert flottent des bouées jaunes, voguent des voiliers et naviguent les ferrys qui gagnent l’Angleterre. Si vous aimez Nice en hiver, vous aimerez encore plus Ostende.
Qu’il pleuve, et on entre au Kursaal, un casino massif construit dans les années 1950, où se montent des spectacles toute l’année. Sous le soleil, on se pavanera dans l’un des nombreux beach bars aux noms évocateurs : les estivaux éphémères Blue Buddha et Q-Beach House, ou le Polé Polé Beach, qui arborent des slogans tout aussi passionnés – « Catch me, I’m crazy » (« Arrêtez-moi, je suis fou »), « You make the summer » (« Vous faites l’été »).
A même la plage, abrité par les parois de verre, il est fortement conseillé de déguster un cocktail rare au son d’une musique pensée pour plaire à la fois aux ados et à leurs parents. Commandes à passer en flamand, en français ou en anglais. Bruxelles-sur-mer.

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