Prostitution: Démantèlement d'un réseau de fille détenu par un pasteur...


Les filles arrivaient principalement du Nigeria en traversant la Méditerranée. Certaines savaient ce qui les attendaient, d’autres non.
Exploitation sexuelle, misère et migration clandestine. Sept hommes et onze femmes, âgés de 27 à 42 ans, ont été mis en examen, jeudi et devaient être mis en examen ce vendredi à Lyon (Rhône) pour proxénétisme. Le réseau exploitait, depuis fin 2016 au moins cinquante jeunes femmes, âgées de 20 à 22 ans qui assuraient des passes à bord de 30 camionnettes, garées dans le quartier de Gerland. L’entreprise qui rapportait entre 100 000 et 150 000 euros par mois était dirigée par un pasteur évangéliste de 33 ans.
Cet homme venait chercher les jeunes femmes dans les centres de rétention pour migrants en Italie. «Les jeunes prostituées, originaire de l’État d’Edo au Nigéria, traversaient l’Afrique par la route avant de voguer sur la Méditerranée et débarquer dans la péninsule, via les réseaux de passeurs, précise une source proche de l’affaire. Certaines savaient très bien à quoi s’en tenir. D’autres pensaient qu’elles seraient employées comme tresseuses dans des salons de coiffure afro et se sont trouvées contraintes de faire des passes».
Les bénéfices ont été rapatriés au Nigeria
Le pasteur, bien connu dans la communauté africaine de Lyon, allait chercher les futures prostituées dans les centres d’accueil italiens avant de les ramener à Lyon. Le proxénète assurait toute la logistique contre une contribution de 50 euros, par jour et par fille, prélevée sur le montant des passes. Le saint homme leur fournissait des logements, de la nourriture, un chauffeur et une voiture pour aller sur leur lieu de travail, et des camionnettes pour accueillir leurs ébats avec leurs clients.
Les filles, par groupes de deux ou trois, étaient sous la coupe d’un réseau de Mamas, qui assuraient leur surveillance et relevaient les compteurs. Les hommes, hommes de main du pasteur, se débrouillaient pour acheter des camionnettes et conduisaient les filles sur leur lieu de travail. Tous les bénéfices ont été rapatriés au Nigeria par le biais d’un système de transfert d’argent informel et communautaire.
Les dix-huit suspects ont été interpellés entre lundi et mercredi à Lyon, Nîmes (Gard), Le Havre (Seine-Maritime) en Italie et au Portugal par les enquêteurs de l’office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRETH). Les perquisitions ont permis de mettre la main sur 30 000 euros en liquide. Durant leur garde à vue, les proxénètes ont nié les faits, arguant du fait qu’ils venaient en aide à leurs compatriotes dans le besoin.

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