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Un selfie met fin à dix-huit ans de cannibalisme


Le 11 septembre dernier, des cantonniers réparant une rue de Krasnodar (sud de la Russie) trouvent un téléphone portable sur le pavé. Ils y découvrent le selfie d’un homme tenant dans sa bouche une main féminine tranchée ainsi qu’un scalp encore sanguinolent. Le téléphone portable est aussitôt transmis à la police locale, qui identifie son propriétaire, un certain Dmitry B., âgé de 35 ans. Le suspect vit avec son épouse Natalia, 42 ans, dans une résidence pour les étudiants d’une académie militaire formant les pilotes de l’armée de l’air russe. Une situation courante pour les personnes désargentées.
Fouillant le modeste appartement, la police trouve des dizaines de bocaux contenant des restes humains ainsi que d’autres clichés. Le plus ancien remonte au 28 décembre 1999. On y voit une grande poêle à frire où sont disposées des mandarines et une tête humaine, avec deux olives noires logées dans les orbites.

Selfies macabres

Natalia, l’épouse du principal suspect Dmitry B., pose également sur les photographies macabres. Ancienne infirmière de l’académie militaire, elle aurait avoué trente meurtres au psychologue de la police venu l’interroger. Chargé de l’affaire, le Comité d’enquête de Russie réfute, arguant ne disposer des preuves que pour sept meurtres.
Les enquêteurs n’ont révélé que les détails du dernier meurtre commis par le couple. Le 8 septembre 2017, le couple s’adonne à la boisson avec une dame rencontrée le même jour. A la suite d’une dispute survenue entre eux, le mari assassine sa nouvelle fréquentation puis emporte une partie des membres de la victime chez lui. Dmitry prend ensuite des selfies avec son téléphone portable, posant avec des membres de sa victime. C’est ce téléphone qui est trouvé le 11 septembre par des cantonniers. L’affaire n’est ébruitée dans les médias que le 25 septembre, longtemps après l’arrestation des suspects.
La presse russe s’est emparée de cette affaire et révèle d’autres détails: maçon de son métier, Dmitry B. cherchait ses victimes sur les sites de rencontre. Il aurait été abandonné à un jeune âge par son père et confié à une famille d’accueil. Le couple a un fils qui a fui le logis parental depuis plusieurs années à cause de leur alcoolisme.

Méfiance profonde envers les autorités

Des titres de Krasnodar ont poussé l’enquête plus loin en publiant des entretiens avec des patrons de restaurants locaux racontant que l’épouse présumée cannibale a tenté à plusieurs reprises de devenir employée et s’intéressait tout particulièrement aux livraisons de viande. Certains patrons extrapolent qu’elle aurait pu sans problème écouler de la viande humaine dans les restaurants. Au-delà de l’aspect sensationnel de ces affirmations, le fait qu’elles se répandent aussi facilement révèle la méfiance profonde des Russes envers les autorités et les organes de contrôle. Les scandales à répétition d’empoisonnements collectifs, la circulation massive d’alcool frelaté corroborent les statistiques sur la corruption endémique.

Des milliers de disparitions chaque année

Autre fait singulier: le fait que la police a mis dix-huit ans avant d’appréhender des criminels de cette envergure n’est même pas mis en avant par les médias russes. Cela n’étonne apparemment personne, dans un pays où des milliers de personnes disparaissent chaque année sans laisser de traces. Apparemment, la police aurait pu arrêter Dmitry il y a deux ans. Il a été repéré par des pompiers en train de brûler des vêtements féminins. Mais il avait alors expliqué se débarrasser d’affaires inutiles de son épouse, et l’affaire avait été classée sur-le-champ.
La police de la région de Krasnodar a été accusée dans de nombreuses affaires d’entretenir des liens avec les milieux criminels et d’être particulièrement peu encline à assurer la sécurité des simples gens. L’affaire du massacre de 12 personnes, dont quatre enfants par le gang «Tsapok» en 2010 non loin de Krasnodar, avait déjà jeté l’opprobre sur la police régionale.

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