Vincent Lacoste, le mec plus ultra du cinéma français


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Vincent Lacoste, le mec plus ultra du cinéma français


MACIEK POZOGA POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE », STYLISME OMAIMA SALEM ASSISTÉE DE JOSEPH ECORCHARD
Par Vanessa Schneider

PortraitAu fil des rôles, l’acteur de 26 ans a su imposer son charisme indolent. Mais derrière ses abords flegmatiques se cache un bosseur pétri d’angoisses. Une peur conjurée à l’écran dans « Mes jours de gloire », en salle le 26 février.
Il a donné rendez-vous dans le seul bar désert du très animé triangle parisien Belleville-République-Bastille. Le genre de rade qui traverse on se demande comment les modes et les époques, dont la décoration et le confort ne semblent pas être le souci premier des propriétaires, mais où l’on peut consommer un steak-frites ou un thé à la menthe à toute heure. Il arrive en retard (il habite en face), tignasse ébouriffée, veste bleue en velours côtelée (il fait zéro degré) et lunettes de soleil (il n’y a pas de soleil).
Ici, il est accueilli par un simple « salut Vincent, tu es à Paris en ce moment ? », auquel il répond d’un tout aussi simple « ouais, ouais ». Et il se marre, on ne sait pas bien pourquoi. Vincent Lacoste apparaît tel qu’à l’écran : dans son monde, gentiment déphasé, décontracté. Un jeune homme poétique et flottant, pudique et discret, à mi-chemin entre Gaston Lagaffe et Melvil Poupaud.
« Il a quelque chose de Jean-Pierre Léaud, qui garde son côté garçon tout en jouant des rôles d’hommes. » Justine Triet, réalisatrice
Il aurait pourtant de quoi se la raconter, comme disent ceux de son âge. A 26 ans, il a déjà une dizaine d’années de cinéma et vingt-cinq longs-métrages à son palmarès, des nominations aux Césars, six films projetés à Cannes. Il trimballe sa moue et ses yeux rieurs d’un univers à l’autre, cinéma grand public comme indépendant, casse les frontières, réunissant tout à la fois le classicisme d’un Pierre Niney, la farce d’un Max Boublil, le charme sombre d’un Louis Garrel. Comme si le cinéma d’aujourd’hui avait enfin trouvé son jeune premier, dans une époque qui n’en a plus vraiment. Comme si, alors que les jeunes générations réinventent les identités masculines et féminines, les bellâtres bravaches étaient devenus ringards à l’écran. Et que le sourire en coin et l’œil rieur étaient aujourd’hui gage de séduction.
« Il a quelque chose de Jean-Pierre Léaud, qui garde son côté garçon tout en jouant des rôles d’hommes, dit de lui la réalisatrice Justine Triet, qui, l’une des premières, l’a fait sortir des personnages d’ado attardé dans Victoria (2016). Il est en train de beaucoup changer, les gens s’intéressent à lui pour des choses diverses. »
Le 26 février, il sera à l’affiche de Mes jours de gloire, réalisé par son grand copain Antoine de Bary, pour lequel il incarne celui qu’il aurait pu être s’il ne connaissait pas une telle félicité : un acteur trentenaire qui n’a rien fait après un premier succès, empêché et empêtré dans une accumulation de problèmes familiaux, sentimentaux, financiers et professionnels qui le conduisent à la dépression. Un de ces rôles dans lesquels il excelle, un paumé funambule qui oscille entre le comique et le drame. On le verra ensuite dans deux films d’époque, De nos frères blessés, d’Hélier Cisterne, qui se déroule pendant la guerre d’Algérie, et une adaptation des Illusions perdues, d’Honoré de Balzac, par Xavier Giannoli, Comédie humaine. Au printemps, il tournera sous la direction de Katell Quillévéré.

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